Il y a 30 ans, jour pour jour, Robert BADINTER, Garde des Sceaux de François Mitterrand, se présentait à la tribune du Sénat et tenait un discours de vérité devant les législateurs de la Chambre Haute.
Le 30 septembre 1981, l’abolition de la peine de mort était votée par 160 sénateurs contre 126, dans les mêmes termes qu’à l’Assemblée nationale.
En France, la justice n’avait plus le droit de tuer et depuis 30 ans, la mort est hors-la-loi dans notre pays sans qu’il existe aucun régime d’exception. Portée par la gauche au pouvoir, cette grande Loi aura marqué l’aboutissement de siècles de discussions, de débats, de prises de position passionnées, elle aura surtout fait honneur à notre République.
Aujourd’hui, dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, le Sénat a commémoré le 30ème anniversaire du vote, il a également rendu hommage à celui qui a incarné cette Loi, à ce grand humaniste, à ce grand socialiste qui n’a jamais cessé de dénoncer toutes les justices qui exécutent voyant là un antagonisme irréductible.
Dimanche 25 septembre, la majorité au Sénat a basculé à gauche, pour la première fois depuis 1958. Les socialistes brigueront dés samedi la Présidence de la Maison des collectivités territoriales. Un moment historique sous la 5ème République.
Comme un symbole politique, c’est un personnage-clé de cette même république qui quittera l’hémicycle.
Mon collègue et ami, Robert Badinter, Sénateur des Hauts-de-Seine depuis 1995, a décidé de ne pas se représenter pour un nouveau mandat. Il manquera à cette institution, aux sénatrices et aux sénateurs qui comme moi ont eu la fierté et le plaisir de travailler à ses côtés. Je sais combien, aussi, il est heureux de voir le Sénat se draper de rose.
Ce grand homme d’Etat incarne à mes yeux une idée certaine du courage en politique. Il nous rappelle constamment que les idées n’avancent que lorsqu’elles sont défendues avec force, constance, avec sincérité et rigueur. Même lorsque les idées revêtent une forme normative, elles ne doivent jamais cesser d’être défendues.
Cette force politique, cette conviction de tous les instants, je la respecte, je l’admire et je tente de la faire mienne dans mon parcours d’homme politique.
Le 30 septembre 1981, la France a fait honneur la République, Robert Badinter a fait honneur à son histoire. Le 30 septembre 2011, le Sénat lui a rendu hommage.
La gauche, nous le savons, est appelée à de nouvelles responsabilités, demain au Sénat, en 2012 à la Présidence de la République. Elle devra défendre et incarner une République irréprochable, une République qui ne cesse jamais de défendre les droits et les libertés de toutes les françaises et de tous les français.
Robert Badinter nous a montré la voie et ouvert le chemin, poursuivons, ensemble et avec lui, ce combat pour une vie meilleure.