La réforme des retraites qui vient d’être annoncée par Eric Woerth est aussi injuste que désespérante.
Injuste parce qu’encore une fois de plus, les revenus du capital seront très insuffisamment mis à contribution pour financer les besoins de financement des retraites.
Injuste parce qu’elle pénalise celles et ceux qui ont une carrière longue. Le maintien de l’âge légal de départ à la retraite était un filet de sécurité nécessaire et humain. Je suis scandalisé par la façon dont la question de la pénibilité, savamment mise sous le tapis depuis 2003, est reléguée à la responsabilité des médecins du travail et obligent les salariés à quémander.
Désespérante parce le gouvernement n’a pas exprimé son regret de ne pas avoir abondé le fonds de réserve des retraites initié par le gouvernement de Lionel Jospin ni même ses propres responsabilités dans la situation budgétaire dans laquelle nous nous trouvons.
Désespérante parce que ces annonces occultent de façon dramatique les difficultés des jeunes à entrer durablement sur le marché du travail, la réalité du marché du travail pour les seniors comme la capacité physique et psychique de certains d’entre eux à travailler à plein temps.
Désespérante parce que je ne crois pas un instant que les mesures qui sont annoncées permettront de rééquilibrer durablement les déficits. Aujourd’hui l’amputation à hauteur du genou ne permettra pas d’éviter l’amputation de la jambe entière.
La réforme telle qu’elle est annoncée, prétend sauver la retraite par répartition. Elle organise la concurrence entre les générations, entre les classes sociales, dresse les Français les uns contre les autres, fait la part belle à l’individualisme et préfigure de nouvelles pauvretés.
Sauver la retraite par répartition n’est pas qu’une question d’équilibre budgétaire, c’est une question de société.
Je soutiens sans l’once d’une hésitation le mouvement social du 24 juin.